Jean Gosset (1912-1944)

Une jeunesse studieuse

Lycée Louis-le-Grand - Paris
Après la mort de Marcelle en janvier 1930, le père et les deux fils connurent alors une vie assez pénible, y compris matériellement

L’appartement pimpant et gai n’était plus aussi soigné. Les revenus de mon grand-père étaient assez modestes pour ne pas être imposables et les enfants bénéficiaient d’une bourse. Mon père qui avait passé en 1929 la première partie du bac, série A (latin-grec), s’est présenté, en juillet 1930, à la deuxième partie : Mathématiques et en même temps Philosophie, comme on pouvait le faire à l’époque (ce n’était pas exceptionnel) ; il a été reçu avec mention Bien aux deux, à quelques jours d’intervalle.

En octobre, il est entré en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand

À cette époque, la classe de Lettres Supérieures s’appelait « 1ère Vétérans ». Elle ne comptait pas moins de soixante-dix élèves en 1930-31. On trouve dans la liste Georges Bonnefoy, qui est mort au combat en 1940, ainsi que quelques noms connus : Roger Caillois, Roger Ikor… Et bien sûr, Pierre Grimal. Mon père et lui se sont connus dans cette hypokhâgne et sont devenus amis. Tous les deux étaient d’excellents élèves : sur leurs bulletins scolaires on voit que des « félicitations » leur étaient régulièrement décernées.

Comme les autres khâgneux il préparait des certificats de licence à la Sorbonne, mais c’était Études Latines et Études Grecques. Il n’a pas passé la licence de philosophie, mais celle de lettres. Il regimbe quelque peu devant les exercices scolaires artificiels. On apprend aux étudiants à imiter les bons auteurs, mais personne « ne leur apprend à chercher en eux-mêmes », écrit-il.

Il termine une dissertation sur Sainte-Beuve par cette déclaration d’humeur :

J’ajouterai seulement que nous avons critiqué la critique de la critique par un critique, et que nous serons critiqués, ce qui donne une idée prodigieusement haute de l’aptitude de l’esprit humain à se replier sur lui-même. Peut-être vaut-il mieux marcher en avant.


Extrait de « Sur les traces de Jean Gosset »

Lettre de Pierre et Edmonde Grimal - 5 novembre 1935

Lettre de Pierre et Edmonde Grimal – 5 novembre 1935

Lettre de Pierre et Edmonde Grimal - 5 novembre 1935

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