Gosset se voit confier la section d’Action Immédiate créée par Cavaillès à son retour en France, et prend pour cela le nom de Fabrice
Il constitue des groupes de saboteurs, appelés GRAC (groupes d’Action) à Paris comme en province.
Cavaillès est aussi chargé par Londres de plusieurs missions. L’une est la mission Ramier, qu’il confie à Yves Rocard. Il s’agit de repérer les installations allemandes sur les côtes, en particulier les « radiophares » qui guidaient les avions allemands chargés d’intercepter les bombardiers de nuit anglais.
L’opération Coughdrop-Barracuda
Gosset, sous le pseudo de Fabrice, sera étroitement associé à Cavaillès (alias Daniel), et Louis Forcinal (Faucon), à partir de mai 1943, pour une autre mission : Coughdrop-Barracuda. Il s’agit d’un projet d’opération contre la base sous-marine de Lorient. En effet les Allemands se sont emparés des arsenaux de Brest et de Lorient, obligeant ouvriers, ingénieurs et officiers de marine à travailler pour eux. Ils ont fait de Lorient un repaire de sous-marins, construisant deux bunkers à Kéroman, au Port de Pêche. Les bombardements alliés ont détruit la ville sans pourtant interrompre l’activité de la Kriegsmarine. Les services de renseignements ont multiplié, à Londres, les avertissements.
Procéder par sabotages serait d’une efficacité bien supérieure, mais ce n’est pas facile car les bases sont évidemment très surveillées.
Gosset, comme Cavaillès, a pu pénétrer lui-même dans la base de Lorient pour repérer les lieux, grâce à un ausweis pour la zone interdite, c’est-à-dire la zone côtière, que ses amis bretons lui ont procuré à la Pentecôte 1942 ; grâce aussi à la complicité d’un ouvrier, Pierre Ferrand (Émile), qui lui fournit un bleu de travail, un plan de l’arsenal et ses propres papiers.
Il crée des équipes de sabotage en vue de cette action, en particulier le groupe d’Hennebont, avec Pierre Ferrand et Jean Simon.
Cavaillès signale à Londres qu’il envisage comme « pont d’embarquement Coughdrop » la rade au nord de Locmiquélic, localité qui fait face à la base sous-marine de Lorient : « Fabrice et un de ses aides y ont passé la nuit. Ils ont pu observer que la circulation dans la rade était inexistante la nuit. Une seule patrouille par une petite vedette entre 22h et 22h30 » (additif au Rapport Coughdrop, archives du BCRA).
C’est cet épisode que raconte Jean Gosset dans la nouvelle Nuit blanche, publiée après la Libération, en décembre 1944.
Les deux opérations sont donc organisées minutieusement. Malheureusement, Forcinal (Faucon) est arrêté le 14 mai, dénoncé par l’agent Michel, qui dénoncera aussi Cavaillès et bien d’autres. Plusieurs terrains de parachutage sont « brûlés », car Forcinal en avait sur lui la liste. L’opération est ajournée.
En juillet 1943, Cavaillès et Gosset rompent avec Libération. Le CNR (Conseil National de la Résistance) vient d’être créé, où sont représentés les Mouvements et les partis politiques. Or les deux hommes sont hostiles à la présence des partis. Ils sont en revanche partisans d’une orientation militaire des activités du réseau. Après la rupture, la propagande, le journal et l’A.S. sont laissés au Mouvement ; Cohors conserve le Renseignement (SR) et l’Action immédiate (AI). Pourtant dans les groupes locaux, le cloisonnement n’est pas effectif : souvent les militants continuent à travailler à la fois pour le mouvement et pour le réseau.
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