Neuengamme est le grand camp de concentration de l’Allemagne du Nord, situé le long de l’Elbe,
à 21 kilomètres au sud-est de Hambourg.
Ce camp a été construit en 1938 afin de fournir une main-d’œuvre au moindre coût pour la briqueterie (Klinkerwerke) qui se trouve là et qui utilise la glaise des rives marécageuses du fleuve. Neuengamme sert de « Kommando » extérieur pour le camp de Sachsenhausen, d’où arrivent d’abord des détenus de « droit commun », puis, en 1940, quelques centaines d’hommes, en majorité des Allemands, surtout prisonniers politiques. Le Kommando devient alors un camp autonome, au même titre que tous les Konzentrationslager ou KL.
À partir de 1942, cent six mille hommes et femmes de toutes nationalités sont passés par ce camp, dont 11 500 Français, sur les 87 000 déportés de France au titre de la répression. Neuengamme est le camp où la proportion de Français a été la plus considérable.
Sur les 106 000 déportés de Neuengamme, 55 000 y sont morts, de faim, de froid, d’épuisement, du manque de soins, victimes de brutalités, abattus, torturés, fusillés, pendus, brûlés ou gazés, et le taux de survivants ne fut que de 48 à 49%, à peine la moitié…
Et pourtant, pour les 11 500 Français de ce camp, ce fut plus dramatique encore, puisque plus de 7 000 d’entre eux ont péri ou ont disparu, ce qui représente un taux de 65%, et donc seulement 35% de rescapés !
Comment expliquer, dans ces conditions, que le camp de Neuengamme soit généralement ignoré, au point d’avoir été surnommé « le camp méconnu » ?
On connaît, en France, les noms de Buchenwald, de Dachau, de Ravensbrück. On a même cité Bergen-Belsen comme un des camps où étaient directement envoyés les Français : or ceux qui arrivaient là, plus tard, venaient d’autres camps. Bergen-Belsen a servi, en particulier, de « mouroir » à Neuengamme.
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