Jean Gosset (1912-1944)
L'avenir des partis 1939

L’avenir des partis

par Jean Gosset, Esprit, mai 1939 (extrait)

Le libéralisme n’a que trop montré son inefficacité. Sauf dans les brefs enthousiasmes des révolutions naissantes, il n’a jamais été capable d’assurer la continuité, la cohésion de l’action politique et son succès. Nous voyons aujourd’hui presque partout les régimes qui s’en inspirent rester inconsistants et faibles devant même les plus graves menaces. Sous prétexte de respecter les volontés individuelles, il ne permet plus à la « volonté générale » de s’affirmer ; il la rend velléitaire. Des majorités alternantes tyrannisent des minorités qui ne pensent ensuite qu’à leur revanche. Il permet aux partis d’exercer un pouvoir sans contrôle ni responsabilité véritables. Le plus grand scandale du libéralisme est que ce régime, dont les partis sont le principal ressort, les ignore juridiquement, n’y voit que de banales associations déclarées ; ils n’ont ni droits ni devoirs, ni structure ni rôles que ceux qu’ils veulent bien se donner. Nulle part on ne voit apparaître un statut des partis. […]
Le fait caractéristique sans doute de notre époque et de l’avenir prochain tente de se définir aujourd’hui d’une façon approximative à l’aide de la notion de rassemblement ;
dans la pratique les rassemblements ont été trop souvent jusqu’ici des coalitions défensives, hétérogènes, incapables de trouver de sens véritable qu’ils puissent imprimer à la vie de leurs adhérents. Mais ils cherchent obscurément la voie qu’il faudra trouver bientôt, et où s’affirmeront les exigences ici demeurées velléitaires, ailleurs déviées, que nous pouvons essayer de définir.
Pour qu’un mouvement politique ait aujourd’hui un vrai sens, il faut qu’il réponde aux conditions suivantes :
1° il ne doit pas être seulement défini par une doctrine ni par des sentiments, ni par des intérêts. Il doit représenter une communauté réelle, en prendre conscience, et appuyer essentiellement sur elle ses idées et son activité.
2° il doit être en lui-même politique, par définition ; mais se concevoir comme intégré dans un mouvement plus vaste, qui vise au delà des buts politiques et dont le mouvement politique est, à son plan, l’instrument et l’expression.

Jean Gosset

L’intégralité de l’article sur Gallica :
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